Peut-on soulager la ménopause seulement grâce à la naturopathie? 1ère partie

Peut-on soulager la ménopause seulement grâce à la naturopathie?

Je répondais récemment à cette question adressée par une journaliste mais puisque j’ai souvent eu à y répondre en tant que naturopathe aussi formée en hormonothérapie bio-identique, j’ai pensé vous faire part de mes observations cliniques des vingt dernières années.

N.B. : Prenons pour acquis pour l’exercice que nous avons affaire ici à une femme moyenne ne souffrant d’aucune maladie particulière et ne consommant pas de médicaments sur une base régulière. Elle n’aurait pas non plus de contre-indications à son dossier médical.

Peut-on réellement soulager la ménopause seulement grâce à la naturopathie?

Tout d’abord, on doit comprendre que la naturopathie est une approche centrée sur le patient et non sur sa condition médicale. Les maladies telles qu’elles sont comprises et diagnostiquées en médecine conventionnelle s’inscrivent dans une logique ou paradigme médical qui lui est propre. Bien que le naturopathe en tienne compte dans son évaluation, nous adhérons à un paradigme qui est plutôt axé sur la santé de l’individu.

La naturopathie est aussi une approche vitaliste, c’est-à-dire qu’elle vise dans un premier temps à identifier les causes qui entravent la libre circulation de l’énergie vitale qui engendrent un déséquilibre – pouvant éventuellement se manifester par un ou des symptômes – et à les corriger.

De plus, la naturopathie est une approche dite holistique, ce qui signifie qu’un symptôme – bouffée de chaleur ou autre – ne peut pas être dissocié du processus en cours dont il ne représente qu’une manifestation. Le naturopathe tient compte des différents facteurs ayant un impact sur la santé de l’individu : son alimentation, son mode de vie, son niveau d’activité physique et de stress, son exposition à différentes substances toxiques, ses carences vitaminiques, etc. On comprend donc que chaque cas est unique et doit faire l’objet d’une consultation. Nous n’avons pas de ‘recette magique’ pour GUÉRIR quoi que ce soit ! La médecine conventionnelle non plus d’ailleurs, puisque la guérison survient spontanément lorsque les causes de déséquilibres sont écartées et que l’organisme dispose de ce dont il a besoin pour se réparer par lui-même. Tout le reste que nous faisons – autant de manière naturelle que pharmacologique – ne sert qu’à supporter ce mécanisme inné d’autoguérison propre à chaque être vivant.

Avant l’avènement des hormones, comment nos ancêtres géraient-elles les symptômes associés à la ménopause? Avaient-elles recours à des trucs issus de la nature?

Précisons que la ménopause ne constitue pas une maladie mais plutôt une période normale d’arrêt des menstruations survenant autour de la cinquantaine. La nature avait prévu cela et lorsque la production hormonale ovarienne diminue, nos glandes surrénales prennent habituellement le relai. L’ennui c’est que nos glandes surrénales fabriquent aussi nos hormones de stress incluant le fameux cortisol et que la progestérone sert de matière première pour le fabriquer. Donc plus nous vivons de stress chronique, moins notre capacité à gérer cette transition hormonale est efficace, d’où l’apparition de symptômes de déséquilibres hormonaux incommodants.

Ma mère a traversé la ménopause sans prendre d’hormones mais on dirait que de nos jours, la plupart des femmes n’arrivent plus à tolérer les symptômes. Comment expliquer cette apparente intensification des inconforts?

Le mode de vie traditionnel était moins stressant et plus en harmonie avec les cycles naturels. Il nous exposait moins à différentes sources de toxicité telles que les pesticides et autres substances chimiques agissant comme perturbateurs endocriniens dans notre organisme. L’alimentation contenait également plus de fibres – permettant d’éliminer les résidus hormonaux et autres via l’intestin – et de différentes vitamines et minéraux impliqués dans la bio-transformation de nos hormones, comme les vitamines B et le magnésium par exemple. L’appauvrissement des sols, l’utilisation d’engrais chimiques, les méthodes de cuisson et d’entreposage des aliments, la consommation de voleurs de vitamines comme le café, l’alcool, les médicaments, etc. sont autant de facteurs susceptibles d’occasionner des carences nutritives en dépit du taux de calories ingérées quotidiennement.

L’alimentation traditionnelle comporte également des aliments tels que le soya, l’igname et le curcuma qui fournissent des phytooestrogènes pouvant se fixer aux récepteurs estrogéniques dans notre corps et en moduler l’activité, réduisant les bouffées de chaleur et autres symptômes désagréables.

Bien sûr, les plantes médicinales, alliées des femmes depuis des millénaires telles que l’actée à grappes noire, l’achillée mille-feuille, le chardon-Marie et bien d’autres peuvent également nous fournir différents phytooestrogènes et nous procurer leurs nombreux autres bienfaits via des propriétés détoxifiantes, cholagogues, cholérétiques, laxatives douces, drainantes, etc. qui permettront à l’équilibre hormonal naturel de se rétablir et d’être maintenu.

Règle générale, y a-t-il des symptômes que la naturopathie traite plus efficacement? Quelle recommandation ou supplément naturel a fait le plus ses preuves auprès de votre clientèle au cours de vos années de pratique?

Encore une fois, nous ne traitons pas un symptôme ni une condition médicale mais bien une personne possédant une individualité biochimique qui lui est propre et qui évolue dans un environnement spécifique. Il n’y a pas de ‘meilleure recette’ et il faut vraiment sortir une bonne fois pour toutes de cette mentalité de : ‘Quel supplément pour tel bobo ?’ dont nous avons hérité de la médecine conventionnelle. En naturopathie, nous avons affaire à une forme de médecine vraiment personnalisée – donc du cas par cas – et tout dépend aussi de ce que fera la personne de nos recommandations.

Il faut voir la naturopathie comme un processus d’optimisation de la santé et non comme une ‘pilule magique’ qui permet de faire disparaître un symptôme. Pour nous, le symptôme ne constitue pas un ennemi à éliminer à tout prix mais bien un allié qui nous informe comme un clignotant sur le tableau de bord d’une voiture qui nous indique qu’il y a une perturbation sous-jacente dont nous devons nous préoccuper. Il ne nous vient pas à l’idée de débrancher le clignotant et d’ignorer le problème, alors pourquoi veut-on supprimer le symptôme sans s’occuper de la cause du déséquilibre ? En ce faisant, on risque que le processus de déséquilibre poursuive son évolution jusqu’à ce qu’un nouveau symptôme, souvent plus grave et plus intense que le précédent, fasse son apparition.

En comparaison, lorsqu’on consulte un acupuncteur, on ne lui demande pas quel point d’acupuncture est le plus efficace pour tel problème et on ne demande pas non plus au psychologue quelle est la phrase-clé à dire pour soulager quelqu’un qui vit une crise donnée. On comprend que le clinicien doit procéder à sa propre analyse de la situation selon les connaissances acquises par rapport à l’approche ou au paradigme médical qu’il pratique en s’entretenant avec le patient, puis qu’il aura recours aux techniques éprouvées appartenant à son approche et que finalement, le processus suivra progressivement son cours avec la participation de la personne concernée et des rencontres de suivi. Il en va de même avec la naturopathie. Nous avons soumis notre corps à des mauvais traitements ou un mode de vie et une alimentation mal adaptés durant des décennies, on doit comprendre que le processus de retour à la santé optimale ne se fera pas en une consultation grâce à une quelconque pilule magique. On doit s’investir dans le processus et donner le temps à notre organisme de retrouver son homéostasie. (Partie 2, prochaine infolettre)

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Par Chantal Ann Dumas, ND.A, membre de l’ANAQ

Naturopathe chez Globe Santé, info@naturopathe.ca

Rédaction et correction Isabelle Gendron

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