Stratégies naturelles pour supporter votre immunité

Article paru dans le magazine Vitalité Québec (mai 2020)

Par Chantal Ann Dumas, naturopathe

Le système immunitaire (SI) constitue le système de défense du corps humain contre les substances qui menacent sa santé et sa survie. Lorsqu’il est en bonne santé et qu’il dispose de toutes les substances nutritives dont il a besoin, il a plus de chances de combattre efficacement les infections (virus, bactéries, champignons, parasites), le cancer et la présence d’un corps étranger. À la lumière des récents événements, beaucoup ont compris l’importance d’avoir un SI performant alors explorons ensemble quelques stratégies naturelles éprouvées et bien documentées scientifiquement afin d’optimiser nos défenses naturelles.

Des paradigmes différents

En médecine conventionnelle, l’emphase est placée sur les facteurs d’agression potentiels qu’on cherche à combattre grâce aux médicaments, vaccins, et autres traitements. Cette approche qui repose sur l’administration de substances actives – médicaments ou autres – visant à contrecarrer les effets ou les symptômes des maladies est dite « allopathique ». On reproche parfois à ce type de médecine d’être réductionniste, c’est-à-dire qu’elle tend à expliquer un phénomène en le divisant en parties ou compartiments.

Pour leur part, les approches « vitalistes » telles que la naturopathie ont comme pierre d’assise la notion d’énergie vitale. Qu’on l’appelle « chi », « ki » ou « prana » en fonction des cultures, l’énergie vitale est cette force intangible qui circule et anime tout le corps. Selon ce paradigme, l’énergie vitale doit circuler de manière harmonieuse et équilibrée pour conserver la santé. Lorsque son flux est perturbé par différents facteurs tels que le stress, une mauvaise alimentation ou un problème émotionnel, le corps va subir un déséquilibre pouvant mener à son affaiblissement, voire à la maladie. Les approches vitalistes sont aussi dites « holistiques » car elles prennent en considération l’individu dans sa totalité, incluant bien-sûr le corps physique mais aussi les aspects psychosociaux, écologiques et énergétiques.

énergie, équilibre

Au cœur du paradigme vitaliste des approches holistiques se trouve la notion de « terrain ». Ce dernier est formé de l’interaction d’un ensemble complexe d’éléments incluant notre constitution, notre tempérament et notre diathèse. Certains aspects du terrain comme nos prédispositions héréditaires sont innés mais nous pouvons influencer les autres via les facteurs naturels de santé tels que l’alimentation, la pratique de l’activité physique, etc. En somme, le terrain est l’état d’un individu à un moment précis, défini par son milieu interne, par son état psychologique et par la relation qu’il établit avec son milieu de vie physique et social. Selon ce paradigme, c’est le terrain qui explique la disposition générale d’une personne à réagir de manière différente face à des affections de même origine. Nous avons tous déjà pu observer que devant un même microbe, certains individus développent des pathologies alors que d’autres restent en pleine santé.

Le point commun des différentes approches de santé complémentaire ancrées dans les médecines traditionnelles, c’est qu’elles ne cherchent pas simplement à supprimer les symptômes mais plutôt à identifier la cause du déséquilibre qui est unique à chaque personne et elles tentent d’y remédier via des moyens et techniques naturelles éprouvés. Cette distinction est très importante car elle explique pourquoi les praticiens de ces approches mettent l’emphase sur la prévention et la correction du terrain plutôt que sur la recherche de remèdes ou vaccins pouvant supprimer les manifestations ou les symptômes de maladies. Ces 2 paradigmes, en apparence diamétralement opposés, ne doivent cependant pas être compris comme étant mutuellement exclusifs. Le fonctionnement optimal du système immunitaire est essentiel pour se défendre contre tous les types d’infections, du rhume léger à la grippe dangereuse et à la pneumonie potentiellement mortelle. Lorsqu’il n’y parvient pas, on doit avoir recours aux médicaments et autres interventions – naturels ou pharmacologiques – pour retrouver la santé.

nutrition, exercices, sommeil, suppléments

Optimiser notre système immunitaire

Peu importe le paradigme médical auquel on adhère, il est généralement admis qu’une alimentation dense en substances nutritives, la pratique régulière d’activité physique, un sommeil suffisant et une bonne gestion du stress sont des facteurs qui contribuent à une saine fonction immunitaire.[i] Allons voir plus en détails quelques-unes des substances pouvant optimiser l’efficacité de notre système immunitaire.

  • Vitamine D

Ce que nous appelons la « vitamine D » n’est pas techniquement une vitamine puisque le corps peut aussi la fabriquer. Dans l’alimentation, on la rencontre sous 2 formes : la vitamine D2 (ergocalciférol) de source végétale se retrouve en faible quantité dans certains champignons et végétaux alors que la vitamine D3 (cholécalciférol) d’origine animale provient des huiles de foie de poisson, du poisson, du lait, du beurre, du fromage et des aliments enrichis en vitamine D. Du côté endogène, la vitamine D est en réalité une hormone synthétisée dans l’organisme humain à partir d’un précurseur du cholestérol (le 7-déhydrocholestérol) sous l’action de la lumière ultraviolette B (UVB) émise par le soleil. La quantité de vitamine D produite par l’organisme est très variable selon la latitude, l’ensoleillement, l’épaisseur et la pigmentation de la peau.

Longtemps reconnue pour son rôle dans le métabolisme osseux, nous savons aujourd’hui que le génome humain comporte 2 776 sites de liaison pour le récepteur de la vitamine D et qu’elle affecte 229 gènes directement.[ii] Plusieurs de ces gènes étant impliqués dans la régulation du système immunitaire, la vitamine D peut réduire le risque de contracter certaines infections virales et bactériennes en modulant la réponse immunitaire à ces agents pathogènes.[iii] Du côté de l’inflammation, la vitamine D supprime les cytokines inflammatoires qui sont en partie responsables de la douleur, de la fièvre et de la congestion associées à l’infection grippale. On parle aussi de « tempêtes de cytokines » qui seraient à blâmer dans certains cas mortels de grippe.[iv] Selon l’OMS, la carence en vitamine D est associée à un risque accru de grippe et d’infections respiratoires comme la pneumonie, la tuberculose et la bronchiolite.[v]

L’apport en vitamine D et son taux sanguin optimal pour la santé immunitaire font l’objet de nombreux débats. Les apports nutritionnels de référence (ANREF) recommandés par Santé Canada varie entre 400 et 800 UI par jour, en fonction de l’âge[vi] Selon leurs lignes directrices très conservatrices, des résultats sanguins inférieurs à 30 nmol/l indiquent une carence en vitamine D tandis qu’une plage de 30 à 50 nmol/L signale une carence potentielle.[vii] On s’aperçoit que près du tiers (32 %) des canadiens n’atteignent même pas ce seuil.[viii] De l’avis de plusieurs experts, le taux sanguin de vitamine D devrait plutôt être maintenu entre 125 et 150 nmol/l afin de permettre un maximum de bienfaits.[ix]

Vitamine C

Afin de se protéger contre les infections, particulièrement les infections virales, le système immunitaire humain a besoin d’un apport quotidien suffisant en vitamine C. Cette dernière favorise l’amélioration de la résistance de l’hôte à la maladie grâce à ses antioxydantes et immunostimulantes. De plus, la vitamine C exerce une action antivirale directe qui peut conférer une protection spécifique contre les maladies virales. Elle possède la capacité d’inactiver un large spectre de virus et de supprimer l’expression de la réplication virale dans la cellule infectée.[x]

Plusieurs études ont montré que la supplémentation en vitamine C, soit avant et peu après l’apparition des symptômes d’infections des voies respiratoires supérieures, peut aider à alléger ces derniers et à réduire la durée de la maladie. Dans le cadre d’une étude impliquant 463 étudiants asymptomatiques âgés de 18 à 32 ans, il a été démontré que des doses élevées de vitamine C administrées avant ou après l’apparition des symptômes de rhume et de grippe permettent de les réduire. Les participants consommaient 3 doses de 1000 mg de vitamine C par jour ou des doses horaires de 1000 mg de vitamine C pendant les 6 premières heures après l’apparition des symptômes, suivies de 1000 mg de vitamine C, 3 fois par jour. Une réduction de 85% des symptômes de grippe et de rhume chez les participants qui consommaient la vitamine C a été observée par rapport au groupe placebo.[xi] Même des doses modestes peuvent avoir un impact positif. Une étude randomisée bien contrôlée a démontré que l’administration de seulement 200 mg / jour de vitamine C aux personnes âgées a entraîné une amélioration des symptômes respiratoires chez les patients hospitalisés les plus gravement malades et 80 % moins de décès sont survenus dans le groupe de la vitamine C.[xii]

Probiotiques

Un nombre croissant de preuves démontre que les suppléments probiotiques contenant des espèces de Bifidobacterium et de Lactobacillus peuvent améliorer l’activité immunitaire antivirale et peuvent réduire la fréquence, la gravité et la durée des infections virales des voies respiratoires telles que la grippe.

Chantal Ann Dumas, naturopathe chez Globe Santé

info@naturopathe.ca

Les sources :

[i] https://www.lifeextension.com/protocols/infections/2019-novel-coronavirus-sars-cov2-covid-19?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=organicpost&fbclid=IwAR28uFdropdLQ0EP5xiZoLzhalbGIwACUsFdK-MIie1WWb0vOjDHhQ-K_FI

[ii] Wellcome Trust. (2010, August 24). Vitamin D found to influence over 200 genes, highlighting links to disease. ScienceDaily. Retrieved March 17, 2020 from www.sciencedaily.com/releases/2010/08/100823172327.htm

[iii] Beard JA, Bearden A, et al. Vitamin D and the anti-viral state. J Clin Virol. 2011 Mar;50(3):194-200. doi: 10.1016/j.jcv.2010.12.006. Epub 2011 Jan 15. Review. PMID: 21242105 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21242105?report=docsum

[iv] Virol J. 2008;529. https://www.lifeextension.com/magazine/2009/12/are-you-getting-optimal-flu-prevention

[v] https://www.who.int/elena/titles/vitamind_pneumonia_children/fr/

[vi] https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/aliments-nutrition/saine-alimentation/vitamines-mineraux/vitamine-calcium-revision-apports-nutritionnels-reference.html#a10

[vii] Janz, T. Pearson, C. Niveaux de vitamine D dans le sang des Canadiens. Statistique Canada, no 82-624-X au catalogue. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-624-x/2013001/article/11727-fra.htm

[viii] https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-624-x/2013001/article/11727-fra.htm

[ix] https://www.grassrootshealth.net/project/daction/

[x] Jariwalla, Raxit & Harakeh, Steve. (1996). Antiviral and Immunomodulatory Activities of Ascorbic Acid. Sub-cellular biochemistry. 25. 213-31. https://www.researchgate.net/publication/14383321_Antiviral_and_Immunomodulatory_Activities_of_Ascorbic_Acid

https://www.lifeextension.com/protocols/infections/influenza

[xi] Gorton HC, Jarvis K. The effectiveness of vitamin C in preventing and relieving the symptoms of virus-induced respiratory infections. J Manipulative Physiol Ther. 1999 Oct;22(8):530-3. PMID: 10543583 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10543583?report=docsum

[xii] Hunt C, Chakravorty NK, et al. (1994) The clinical effects of vitamin C supplementation in elderly hospitalized patients with acute respiratory infections. Int J Vitamin Nutr Res.64:212-219. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/7814237.http://orthomolecular.org/resources/omns/v16n06.shtml#Ref7

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